Biographie

TUBIS TRIO

Maciej Tubis (p), Paweł Puszczało (cb), Przemysław Pacan (dm)

Le groupe polonais de Łódź et Varsovie, Maciej Tubis Trio, existe depuis 2006. À l’heure actuelle, il est composé du pianiste Maciej Tubis, du contrebassiste Paweł Puszczało (qui succède à Marcin Lamch) et du batteur Przemysław Pacan. C’est un des groupes polonais les plus reconnus dans le monde entier, véritable collectionneur d’excellentes critiques et d’opinions, jouant des concerts ovationnés dans les meilleurs clubs et salles de concert d’Europe. Leur album « Live in Luxembourg » a été acclamé par la critique mondiale comme un des cinq albums de jazz les plus importants au monde de l’année 2009. Aujourd’hui, après quatre ans de concerts, deux albums live de leurs propres compositions, et après s’être confronté à un public mondial, les musiciens sont de retour avec leur premier album studio. À l’automne de cette année en Europe occidentale, sortira l’album « The Truth ». Le nom du label discographique n’est pas divulgué, mais nous savons qu’une surprise se prépare. « The Truth » a été conçu comme un regard émotionnel mature sur la vie. Dans plusieurs compositions bien pensées, vacillantes à la frontière de différents genres, les musiciens, se concentrant sur l’interprétation musicale, laisseront place à un récit lapidaire, coloré et au message qui en découle. Puisque, comme dit le pianiste Maciej Tubis dans une interview –

« Le terme jazz est trop limité et casé. Nous créons des morceaux avec des thèmes mélodiques, mais des formes imprévisibles. Des polyphonies classicistes deviennent de l’ostinato rock. Nous nous inspirons de tous les styles de musique, de différentes époques et nous allons parfois chercher les thèmes dans la musique pop…Le plus important pour moi est de transmettre des émotions. Je ressens profondément chaque concert, je suis heureux de pouvoir jouer en direct. Je me concentre uniquement sur la musique, je me donne toute la liberté, je saisis la spontanéité du moment. Le public cède à la magie de cette rencontre et répond toujours vigoureusement… »

04.03.2017 – samedi – 20:30 – YouTube

En commençant par « Monday On My Way » Maciej Tubis a tout de suite confirmé les mots ci-dessus, en imposant au public le style de narration, que certains comparent au fameux E.S.T, puis en éblouissant par sa technique, que d’autres à leur tour comparent à Brad Mehldau. Cependant, il n’a suffi que des quelques morceaux suivants pour mettre de côté toutes les comparaisons. En effet, le niveau de maîtrise du piano, y compris la capacité unique de nuancer le son – comme par exemple dans la ballade phénoménale « It’s Beautiful Winter Out There », ou la mobilité de la main gauche dans une composition sophistiquée « Tokio » – rappelle le génie des géants du jazz, mais sans aucun doute, c’est la qualité en elle-même, presque facilement reconnaissable, car si richement marquée par un style personnel qu’il est tout simplement impossible de confondre cette pianistique avec une autre. Il en est de même avec les compositions. Les ballades entre genres sont soumises aux règles strictes d’un plan de composition et constituent un élément essentiel de l’architecture de l’œuvre. Il est vrai que Maciej Tubis, en tant que compositeur, à un talent extraordinaire pour créer des lignes mélodiques, des passages qui sonnent dans la mémoire musicale de l’auditeur longtemps après la fin de l’œuvre, tel que le thème de « Diminished World », terminant la première partie du concert, bien qu’on n’y trouve ni rien de banal, ni des mélodies simples. C’est plutôt la clef donnée par le compositeur, qui permet de démêler les tournures harmoniques densément tissées, les changements de tempos, les expériences d’orchestration avec la dominante variable du piano ou de la contrebasse. Une excellente interaction entre ces deux instruments, soutenue par le jeu dense et vigilant de la batterie, permet de profiter de l’ouverture de nouvelles sections de morceaux, dans lesquelles les musiciens, s’inspirant nettement mutuellement, mènent la composition par leurs propres chemins, pour revenir à un instant au thème primaire et commencer une autre improvisation. Une chose tout à fait caractéristique est le manque de solos de contrebasse ou batterie dans le sens classique du terme, parce que s’il y en a – et il y en a vraiment beaucoup – ils sont menés alors que tout le trio joue. Miraculeusement, cela ne provoque pas de confusion esthétique, mais au contraire, sublime l’ordre harmonique et la discipline remarquable des artistes. Les trois premiers morceaux ouvrants la deuxième partie du concert confirment pleinement ces mots, à l’exception de la performance virtuose phénoménale de Paweł Puszczało dans « Augmented Reality », qui se déploie au-dessus des riffs conducteurs du piano et le rythme rock de la percussion de l’exceptionnel Przemysław Pacan. Après les compositions préparées pour l’album « The Truth » Maciej Tubis est retourné à sa composition la plus ancienne, pleine de beauté et d’ambiance « Retrospekcja » (fr. Rétrospection) présente sur chaque album sorti jusqu’à présent. Et à nouveau, on pouvait admirer le piano exceptionnel, délicat comme l’effleurement d’un papillon. Ensuite « Karate » (fr. Karaté), dans lequel on entend encore une fois ce qui domine dans chaque composition suivante de Maciej Tubis, la création organique des structures strictement de jazz, ce qui correspond entièrement à ce que nous entendons par l’idiome du jazz contemporain. Même si ces ballades entre genres font partie intégrante de chaque composition, elles soutiennent l’œuvre de l’élément inhérent à toute vraie composition de jazz – le rythme ! Le rythme incitant presque à la danse et certainement à taper du pied (dans « Karate » à un moment donné le public a spontanément commencé à frapper le rythme de ses mains !). En parlant de rythme dansant, dans cet élément aussi Maciej Tubis retourne aux sources du jazz, sans même cesser un instant de réaliser tous les postulats de la musique contemporaine syncopées. À la suite de l’audacieux « Karate », le morceau d’ambiance « Alter Ego » est un exemple de la pianistique de ballade d’un niveau supérieur au maître. Joué avec une très large palette de couleurs, nuancé dans les moindres détails, il provoque l’éblouissement, des sons perlés de passages incroyables sonnent comme un rêve au pianiste parfait. Le vigoureux « Triceratops » finit ce concert magique, rempli de musique si incroyablement belle, complète et parfaite et d’exécution si magistrale, que même les souhaits les plus sincères d’une grande carrière internationale sonnent comme une évidence.

Nous attendons en automne l’album « The Truth » qui sera certainement une sensation mondiale et Maciej Tubis sera à nouveau un grand nom dans le monde du jazz. Sans aucunes connotations, ni associations inutiles ! Car Maciej Tubis est Maciej Tubis ! Et qu’il en soit ainsi !!!

Rejoué pour bis « Tokio » a explosé à double force, car terminé par une tempête d’applaudissements dont l’intensité n’avait pas été entendu depuis longtemps. C’est ainsi que des concerts géniaux se terminent ! Et ce concert était génial !

Playlist (toutes les compositions de Maciej Tubis)

1ère partie :

1/. Monday On My Way

2/. I Forgot The Plot

3/. Road Runner

4/. It’s Beautiful Winter Out There

5/. Peloponnese

6/. Tokio

7/. Diminished World

2ème partie :

1/. Seven Heavens

2/. 2:31 PM

3/. Augmented Reality

4/. Retrospekcja (fr. Rétrospection)

5/. Karate (fr. Karaté)

6/. Alter Ego

7/. Triceratops

Bis

–/. Tokio

(Photo & texte © Tomasz Pierchała, trad. Eliza Tkacz, Yoann Masson)